Le gingembre à travers l'histoire
mai 13, 2020

Chères amies, chers amis,
Aujourd’hui, nous vous proposons un voyage à travers l’histoire du gingembre.
Installez-vous confortablement dans votre fauteuil préféré,
servez-vous un petit jus et bon périple !


L’origine étymologique du gingembre émane du sanskrit srngavera («en forme de corne» ou «en forme de bois de cerf»). Les premières traces écrites situent un usage du gingembre dans les traditions indienne et chinoise il y a plus de 3000 ans. Originaire d’Inde et de Malaisie, le gingembre se loge dans des endroits particulièrement difficiles d’accès. Dans le Japon d’avant notre ère, les périls liés à sa récolte annuelle nécessitent qu’on envoie 10’000 hommes à sa conquête ! Voici qui explique peut-être la signification du gingembre en japonais : «merveille de l’univers»...


Le gingembre est importé dans le bassin méditerranéen par les Phéniciens dès le 4ème siècle avant J.-C., ce qui en fait une des premières épices orientales à arriver par ici. En Egypte antique, il est utilisé dans le processus de momification. Il se répand en Europe et trouve rapidement sa place en cuisine, chez les Grecs et chez les Romains. Une croyance court alors les rues : le gingembre serait la racine du poivrier. Le célèbre naturaliste Pline l’Ancien découvre ses origines et rectifie. Poivre et gingembre ne sont plus confondus.



Les deux épices jouissent toutefois d’un prestige comparable. Très utilisé au Moyen Âge, le gingembre coûte bonbon. Il sert même de monnaie d’échange et donne lieu à un impôt. Une livre de gingembre, comme une livre de poivre, vaut alors à peu près le prix d’un mouton ! Par ailleurs, ses vertus aphrodisiaques sont déjà célébrées. Au 11ème siècle, l’école de Salerne écrit par exemple : «au froid de l’estomac, des reins et du poumon, le gingembre brûlant s’oppose avec raison, éteint la soif, ranime, excite le cerveau, en la jeunesse éveille amour jeune et nouveau».


A cette époque, le commerce s’organise avec l’intermédiaire des Arabes. Leur territoire est idéalement situé pour assurer les échanges entre l’est et l’ouest du globe. Pour des raisons religieuses, les Turcs s’interposent. Mais les croisades ouvrent à nouveau la route. Les marchands arabes importent le gingembre depuis la côte est de l’Afrique notamment. «Zenj» désigne tout autant le gingembre que les habitants de cette région – ce qui donnera d’ailleurs son nom à Zanzibar. On retrouve même la trace du gingembre dans le Coran. A sa sourate 76, le livre sacré y décrit le paradis comme un lieu ombragé. L’arbre responsable y porte ses fruits assez bas pour qu’on y tende un bras - et il y circule des coupes cristallines contenant du… gingembre !


Au 15ème siècle, Venise, grande puissance économique, gère les échanges commerciaux avec l’Orient et la redistribution dans toute l’Europe. En 1421, le doge Tomaso Mocenigo souligne l’immense quantité de marchandises qui transite par la république : «les Lombards achètent de nous tous les ans trois mille charges de poivre, quatre cents fardes de cannelle, deux cents milliers de gingembre». Dès le 17ème siècle, la route commerciale est précisément dessinée, par l’établissement européen de comptoirs et de compagnies dans les Indes - alors dites «Indes orientales».


En parallèle, la culture du rhizome se déploie dans les Amériques. La Jamaïque en devient un lieu central – jusqu’au jour d’aujourd’hui, d’ailleurs. La production connaît un succès phénoménal, dont témoigne le naturaliste et missionnaire José de Acosta : «le gingembre s’est multiplié de telle sorte que l’on ne sait plus qu’en faire, tant il est vrai que la flotte de l’année 1587 en rapporta à Séville 22’053 quintaux». La culture se généralise à l’Amérique, notamment au Brésil, au Pérou et au Mexique. La précieuse racine se rencontre de plus en plus couramment. Sa popularité ne cesse de croître.


Mais son prix baisse inexorablement, ce qui finit par en éloigner les bourses les plus fortunées. De plus, les goûts se transforment petit à petit et, vers le siècle des Lumières, la papille européenne semble ne plus trop apprécier notre ami en forme de corne. Le gingembre s’évanouit carrément dans la nature. Au début du 19ème siècle, l’homme de lettres Guillaume de Raynal écrit même qu’il «tomba dans une espèce de mépris, et la culture en fut peu à peu abandonnée partout».


Redevenir très utilisé dans nos parages constitue donc une tendance récente pour le gingembre. Les dernières recherches scientifiques au sujet de ses bienfaits y sont certainement pour quelque chose. Depuis quelques décennies, la multiplication des restaurants asiatiques fait également pencher la balance dans ce sens-là. Mais c’est surtout grâce au concours d’une certaine Fée d’Or que le gingembre trace à nouveau son chemin jusqu’à nos palais !


A bientôt pour de prochaines aventures, chères et chers...

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